Voici en quelques mots mes premiers pas dans la bisexualité. A la lecture de ce récit, on pourrait dire dans l’homosexualité mais étant déjà en couple à l’époque et l’étant toujours aujourd’hui (avec une autre femme) c’est donc bien du statut hétéro que je suis passé à bi et non homo.

J’ai plus de 60 ans aujourd’hui. Mon récit se passe début des années 80, en décembre, je suis alors âgé de 24 ans. A Paris pour la journée (j’habite la province) pour un rendez-vous médical qui ne durera qu’à peine 20 mn j’ai quelques heures à moi avant de reprendre le train à la gare de l’est. Quelques heures à tuer comme il se dit, sans but précis, à roder aux alentours de la gare. L’oisiveté est mère de tous les vices, dirons certains, pour moi ce fut mère de plaisirs nouveaux.

Rappelons le contexte du début des années 80. Le boulevard de Strasbourg qui est dans l’axe de la gare de l’est regorge de cinéma X. Je déambule sur le trottoir, passant de l’un à l’autre, cherchant le titre du film qui me fera choisir de rentrer dans l’un ou l’autre d’entre eux. Les affiches ne comportent d’ailleurs que le titre, pas d’images c’est interdit.

Finalement, ce n’est pas le titre d’un film qui emporte ma décision mais c’est une femme qui prend un billet au guichet de l’un d’entre eux. Je me dis que l’occasion est belle, les femmes sont rares dans ce genre de lieu je vais lui emboiter le pas, dans l’espoir, pourquoi pas, de l’emboiter plus intimement pendant le film.

Le petit problème est que le cinéma a plusieurs salles et je n’ai pas pris le billet de la bonne salle. Impossible de retrouver cette femme une fois dans la pénombre de la projection qui est en cours. A l’écran, les personnages évoluent dans un paysage de vignoble. Un homme et une femme se dirigent vers un bâtiment dans lequel ils entrent, c’est le pressoir. C’est en levrette, penchée en avant, les mains appuyées sur le mur blanc, qu’elle sera prise par le partenaire au sexe démesuré. Tout cela après une bonne fellation, bien entendu, on connait l’enchainement habituel des évènements.

Mes préliminaires à roder devant les cinémas, l’espoir de pouvoir aborder cette femme et les attentes que tout cela génère m’ont mis dans un état d’excitation que tous les tabous tombent, il faut que j’assouvisse mon envie pour retrouver un minimum de calme.

Je m’assoie au fond de la salle qui est grande (rien à voir avec les micro-salles de projection actuelle avec une vingtaine de siège), je suis au dernier rang, les fauteuils sont adossés au mur du fond. Il y a une dizaine de spectateurs disséminés ici et là. A peine quelques minutes, un homme âgé (il devait avoir l’âge que j’ai maintenant, peut-être plus jeune même, quand on a 24 ans tout le monde parait vieux !), un homme âgé donc vient s’assoir juste à ma gauche. Il ne fait pas attention à moi et regarde le film.

La salle est quasiment vide, il aurait pu s’assoir n’importe où pour être tranquille, s’assoir à côté de moi n’est pas un hasard. Je prends mon courage à deux mains, me tourne vers lui et j’entame la discussion sans ambiguïté :
- Vous sucez ?
- Oui et toi, me répond-il.
- Non je ne suce pas.
- Rejoins-moi, nous allons nous mettre vers les premiers rangs, l’écran nous éclairera un peu et nous ne serons pas dérangés par ceux qui entrent.

Sur ce, il se lève et va en effet prendre place au milieu du 3ème ou 4ème rang, bien éclairé par la lumière provenant de l’écran. Je le rejoins et me place à sa gauche. Il sait comment faire : il recouvre ses jambes et les miennes de son imperméable. A l’abri des regards je peux ouvrir mon pantalon et mettre à l’air mon sexe qui ne demande qu’à voir le jour (dans une salle dite obscure, c’est un peu paradoxal, j’en conviens). Il fait de même et pour la première fois de ma vie je sens dans ma main la dureté d’un sexe mâle en érection autre que le mien. Je connaissais bien entendu la dureté du mien car ça faisait belle lure ...

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